Caisse en bois, guirlandes en plastique blanc, confettis, LED, 65cm x 65cm x hauteur variable
« Depuis 2020 un grand nombre de fêtes ont été annulées pour des raisons sanitaires. Dans un contexte de lutte contre la pandémie, les fêtes effraient aujourd'hui parce qu'elles sont devenues, pour les autorités, avant tout synonymes de promiscuité et de rassemblement incontrôlable. Autoriser les fêtes aujourd'hui pose d'énormes problèmes moraux dans un contexte de diffusion de la maladie, car tout concours de foule augmente statistiquement les probabilités de contamination. »*
Toutefois on voit fleurir ici et là des fêtes dites « sauvages » qui posent souci au gouvernement. L'interdiction de se réunir devient difficile à gérer. Plutôt que d'interdire, l'état cherche donc à restreindre et à maintenir. Un maintien de l'ordre festif.
Apparaissent alors des jauges (pas plus de 6 personnes), des distances à maintenir (4 m2 par participants), des conditions de santé à prouver (vaccination, test PCR), un carré à scanner (QR code renfermant le Pass sanitaire, sésame pour accéder à la fête)... un cadre devenu tellement contraignant, restreint et circonscrit que la fête perd de sa couleur, de sa saveur et de sa spontanéité.
LA FÊTE#1 prend la forme d'une installation composée de matériaux et objets disposés méthodiquement créant ainsi un espace parfaitement ordonné où rien ne dépasse. La monochromie évoque ici la perte de spontanéité et de l'esprit festif tant le poids du cadrage imposé est important. La caisse retournée de laquelle tombent les guirlandes -sans toucher le sol- évoque un ordre descendant dicté par une autorité étatique. Le cynisme du duo d'artistes les entraine à concevoir cette injonction verticale comme une volonté divine. La lumière achèvera la métaphore de la divinité.
*Laurent Sébastien Fournier, La fête est-elle non-essentielle ?, La vie des idées.fr, le 23 mars 2021, Collège de France